Interview Tremplin2Prev’

PISSEDEBOUT adore quand elle reçoit des témoignages positifs, ou des commandes de pisse-debout qui vont changer la vie de ses consommateurs..

Ce fut le cas en mars dernier, lorsque Mag (La big boss), reçoit un e-mail super sympa de la part de Boris, qui travaille pour le service de prévention Tremplin2Prev’, initiative de l’association Addiction Méditerranée basée sur Marseille et ses environs.

Capture d’écran 2016-05-02 à 11.18.53.png

Boris nous a contacté afin d’obtenir des pisse-debout lors des journées de prévention que son service réalise.

Nous avons été touchées par les missions  de cette association et nous voulions communiquer autour de celle-ci. Nous trouvons ça génial que des personnes, bénévoles aident les jeunes en les prévenant des dangers en soirées, prennent du temps avec eux afin de partager, et de les protéger.

Nous avons donc questionné Boris sur l’association, ses missions.

Il nous a  répondu avec l’aide de ses collèges, à réaliser une interview remplie de partage et d’entraide…

 tremplin2prev

“Parlez-nous du service de prévention Tremplin2Prev’ et de l’association Addiction Méditerranée.

En tant que telle, Addiction Méditerranée n’existe que depuis janvier 2016. Elle est le fruit de la fusion entre deux associations en activité depuis plus de 30 ans : Tremplin, située à Aix-en-Provence, et l’AMPTA (Association Méditerranéenne de Prévention et de Traitement des Addictions), dont le siège est à Marseille et qui possède également des locaux à Aubagne et à Martigues.

A qui cette association est destinée ?

Addiction Méditerranée propose de l’accompagnement, de l’orientation et du soin pour les personnes qui présentent une conduite addictive. Celles-ci sont accueillies par une équipe pluridisciplinaire au sein des quatre CSAPA (Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) de l’association. Un autre dispositif, les CJC (Consultations Jeunes Consommateurs), s’adresse plus spécifiquement aux jeunes, qui peuvent trouver de l’écoute et de l’orientation s’ils souhaitent faire le point sur leurs consommations. Ces consultations sont gratuites, anonymes, confidentielles, et elles s’adressent aussi bien aux jeunes qu’à leur entourage (parents, amis, proches).

Enfin, il existe plusieurs services de prévention. Chacun de ces services travaille et s’adapte en adéquation avec le territoire où il opère, en tenant compte de ses spécificités. Par exemple, Aix-en-Provence est une ville où l’on trouve énormément d’étudiants.

En quoi consistent les missions de ce service, et les valeurs qu’il souhaite communiquer ?

Nous menons des actions de prévention, de promotion à la santé et de réduction des risques auprès des jeunes. En plus du CSAPA, nous avons également un local dans le centre-ville d’Aix, qui est un lieu d’accueil ouvert au public tous les après-midis et dans lequel nous proposons de la documentation. C’est également là que se tiennent les CJC, y compris en tabacologie. Nous nous rendons régulièrement dans les établissements scolaires aixois et nous nous attachons à être présents lors des évènements festifs de la ville et de ses alentours. Nos actions répondent à une logique « d’aller-vers » : être présents à différents moments, dans les différents lieux fréquentés par les jeunes.

Notre éthique est portée par des principes tels que la bienveillance, le non-jugement et l’éducation par les pairs, qui sont pour nous des valeurs essentielles, le tout dans une optique de santé communautaire.

Qui êtes-vous dans l’association ?

Je suis l’un des deux animateurs de prévention de l’équipe aixoise, qui compte également une coordinatrice qui est infirmière de formation, une éducatrice spécialisée, un agent d’accueil et deux jeunes en service civique à temps plein. Nous encadrons également deux groupes de quatre jeunes en service civique auprès d’Unis-Cité : un groupe le lundi et un autre le jeudi. De nombreux bénévoles participent également à nos actions. Enfin, nous accueillons et formons régulièrement des stagiaires, lycéens ou étudiants.

Où le service de prévention opère t’il majoritairement ? Dans quel but ?

Notre but est d’aller à la rencontre des jeunes. Nous sommes dans une démarche de proximité : nous allons donc là où les jeunes se trouvent. C’est pourquoi nous intervenons essentiellement en milieu scolaire et en milieu festif, de manière régulière.

Nous pensons que cela permet, d’une part, de créer une continuité spatiale (être repéré et identifié sur les lieux fréquentés par les jeunes), et d’autre part de maintenir une continuité temporelle (ne pas se contenter d’interventions ponctuelles en classe, et revenir régulièrement dans les établissements scolaires comme dans les soirées). En fait, les jeunes que nous voyons dans les lycées d’Aix, où bien à la fac de Lettres, se sont les mêmes que ceux que nous croisons le weekend en soirée.

Comment opérez-vous auprès des jeunes dans le milieu scolaire et festif ?

En dehors des interventions en classe, l’essentiel de notre activité se fait sous forme de stands de prévention, que ce soit en milieu scolaire ou bien festif. Lorsque nous intervenons dans des établissements scolaires (lycées, collèges ou facultés) nous travaillons systématiquement avec des partenaires déjà présents sur le territoire aixois : Planning Familial, PAEJ (Point Accueil Ecoute Jeunes), MEP (Mutuelle Etudiante de Proximité), LMDE (La Mutuelle Des Etudiants), Avenir Santé, etc.

Il nous parait en effet essentiel, dans une optique de cohérence globale, de nous appuyer sur un réseau de partenaires qui partagent nos valeurs et qui s’inscrivent, eux aussi, dans une démarche de promotion à la santé.

Concrètement, sur nos stands nous mettons gratuitement à disposition du matériel de prévention : des brochures (sur les produits, les usages et les risques liés à certaines pratiques, mais aussi sur la sexualité et la contraception), des préservatifs et du lubrifiant pour les risques liés à la sexualité, des éthylotests chimiques pour les risques liés à la conduite en état d’ivresse, et des bouchons d’oreille pour les risques auditifs. S’ajoutent à ça divers outils ludiques qui permettent de susciter de la curiosité et de générer des échanges.

Lorsque nous sommes en milieu festif, nous proposons également un « bar à eau » pour prévenir les risques liés à la déshydratation, des bonbons pour les risques d’hypoglycémie (et aussi pour la convivialité), des « Roule ta Paille » et du sérum physiologique pour les risques relatifs à la prise de produit par voie nasale. Et donc, depuis peu, des Pisse Debout !

Par ailleurs, nous effectuons régulièrement du travail de rue dans le centre festif d’Aix-en-Provence. Nous mettons notre matériel de prévention dans des corbeilles et nous tournons avec les bénévoles pendant la soirée, en allant à la rencontre des personnes qui font la fête. De plus, sept bars de la ville (pour le moment) ont accepté de devenir partenaires et soutiennent notre démarche. Enfin, comme nous ne sommes que deux professionnels de l’association à effectuer ce travail de rue, il est important de souligner qu’il ne peut se faire efficacement que grâce au concours des bénévoles.

Comment ce public vous accueille t- il ? Est-il réceptif à vos messages ?

Nous l’espérons ! En tout cas nous pensons qu’avec un stand attractif derrière lequel se trouvent à la fois des jeunes et des professionnels, la rencontre est facilitée. La régularité temporelle et spatiale de nos interventions permet en outre d’être identifiés et de faire connaitre nos valeurs. Ce travail permet également à certains jeunes et organisateurs de soirée rencontrés sur les stands de nouer un partenariat avec nous, et de devenir à leur tour acteurs dans le domaine de la promotion à la santé. C’est également de cette manière que des jeunes décident de passer de l’autre côté du stand et de devenir bénévoles.

Votre association fait majoritairement de la prévention ? Avez-vous perçu des résultats chez vos interlocuteurs (changements d’habitude, de comportement envers vous ou dans la manière de vivre…) ?

Au-delà de la prévention et de l’intervention précoce, Addiction Méditerranée s’occupe aussi du soin, de l’orientation, de la prise en charge et du suivi des personnes qui ont des problèmes de dépendance avec divers produits, qu’ils soient légaux ou pas. Une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, de psychologues, d’assistantes sociales et d’éducateurs spécialisés les accompagne dans une démarche de soin dans laquelle ils ont eux-mêmes décidé de s’inscrire, que ce soit dans une optique de maitrise, voire de diminution de leur consommation, ou bien dans une optique d’abstinence totale. C’est aux usagers de choisir ce qui leur convient le mieux à cet instant de leur parcours. En plus des consultations classiques, plusieurs ateliers hebdomadaires leur sont proposés (ateliers écriture, informatique, cuisine…). Toujours sur la base du volontariat.

En ce qui concerne nos actions de prévention et de réduction des risques, il est très difficile de quantifier nos résultats. Bien sûr, nous rendons régulièrement des comptes à nos financeurs sur le nombre d’interventions effectuées, le nombre de personnes rencontrées, et sur la quantité de matériel distribué. Qualitativement parlant, la régularité de nos interventions nous permet de constater que nous sommes de plus en plus souvent repérés et identifiés par les jeunes. Ils nous ont vus sur leur lycée, et ils nous revoient en soirée. Cela suscite curiosité et intérêt de leur part, et ils viennent plus volontiers sur le stand. Cela génère aussi et surtout énormément d’échanges, de discussions. Cette temporalité particulière, à laquelle nous sommes attachés parce que nous la croyons indispensable en terme d’efficacité de notre travail, est difficilement mesurable car les effets ne se feront sentir que sur le long terme.

Ceci dit, nous faisons aussi et surtout passer un message. Celui-ci a certes été entendu à un moment donné, mais peut être que le déclic ne se fera que le lendemain, ou dans 3 semaines, ou dans 6 mois. Ou jamais. Il faut savoir l’accepter. Mais en créant du lien dans la durée, il arrive effectivement, au fur et à mesure des échanges sur leurs consommations, que certains jeunes décident de modifier leurs pratiques.

Comment avez-vous connu le Pisse Debout ?

A titre personnel, j’en avais déjà entendu parler au détour de conversations avec des amis. A titre professionnel, j’ai découvert la version réutilisable du Pisse Debout grâce au Planning Familial, qui en avait un exemplaire en démonstration sur son stand. A la base, tout est parti d’une conversation avec une bénévole, qui a fait découvrir le concept à ma collègue éducatrice et qui en a parlé autour d’elle. Chemin faisant, l’idée s’est imposée pour nous et nos partenaires de mettre les versions à usage unique du Pisse Debout à disposition sur notre stand, afin d’étoffer notre offre de matériel de prévention et de réduction des risques.

tremplin 2 prev toilettes
Affiche disposée dans les toilettes publics

Cet objet répondait-il à un besoin de la part de vos interlocuteurs ?

Absolument ! Avant d’en avoir sur le stand, rien que le fait d’en parler suscitait curiosité et intérêt de la part des jeunes femmes, mais aussi des garçons. Maintenant qu’on en a, cela génère de très intéressants échanges !

Pourquoi proposer des Pisse Debout sur nos stands ? Parce que bien souvent en soirée les toilettes sont sales, ou dégradées, ou les deux. S’en servir c’est courir le risque d’infections urinaires. Faire des acrobaties pour faire pipi quand même, aussi. Se retenir toute la soirée pour ne pas avoir à s’en servir, également. Eviter de boire pour ne pas avoir à y aller peut conduire à se trouver en état de déshydratation. Pour les filles qui vont en free party, où il n’y a souvent pas de toilettes du tout, cela leur évite d’avoir à marcher trois kilomètres dans le noir pour trouver un endroit tranquille, sans buissons sournois et hors de vue de personnes potentiellement malveillantes qui pourraient profiter d’une position de vulnérabilité.

En clair, le Pisse Debout s’inscrit complètement dans notre démarche de réduction des risques et de promotion à la santé.

tremplin2prev pissedebout

Avez-vous eu des retours sur le Pisse Debout ?

Oui ! Nous avons proposé la version à usage unique du Pisse Debout sur le stand lors de notre dernière intervention en milieu festif. Nous avions préparé des affiches signalant leur présence et ces affiches ont notamment été placées dans les toilettes. Cela a rapidement fait le buzz au cours de la soirée et beaucoup de personnes sont venues à notre rencontre uniquement pour ça.

Bien que nous étions sur un petit évènement, nous en avons donné une quinzaine (nous étions partis avec 20 unités) et cela a donné lieu à une bonne quarantaine de discussions passionnantes. Les garçons ne connaissaient pas le concept et étaient très étonnés, ce qui a notamment permis d’aborder des questions sur le genre et les représentations.

Les filles, pour certaines, en avaient déjà entendu parler mais n’en avaient jamais vu. D’autres ont découvert le Pisse Debout à cette occasion. Toutes ont trouvé l’idée géniale et ont eu la curiosité d’essayer. Beaucoup en ont pris pour les essayer chez elles, histoire de s’entrainer.

Le bilan de cette soirée c’est que nous avons eu raison d’étoffer notre offre de matériel de prévention en y incluant des Pisse Debout à usage unique, et que nous sommes bien décidés à continuer dans ce sens !”

 

Merci au service Tremplin2Prev, et à Boris qui ont mis du coeur à l’ouvrage afin de réaliser cette interview <3

Panier
Retour en haut